Institution Notre-Dame de la Merci
Trois siècles d’histoire
1669 : Ouverture par le Père Barré de la première école charitable
1675 : Fondation par le Père Barré de la congrégation des Dames de Saint-Maur
1685 : Arrivée des Dames de Saint-Maur à Montpellier. Création de classes d’instruction gratuites.
1717 : Etablissement de la congrégation rue des Sœurs Noires
1793 : Départ de la congrégation exigé par le directoire municipal
1806 : Rétablissement de la congrégation par décret impérial du 12 mars
1814 : Installation dans la maison dite de la tour des pins. Réception des indigentes et de demoiselles de familles aisées
1844 : Implantation au Plan Cabanes sous le nom de Notre-Dame de la Merci
1904 : Interdiction d’enseigner à toutes les congrégations
1919 : Restauration du droit d’enseigner pour les congrégations
1936-37 : Classement de l’établissement en école secondaire
1944 : Réquisition par l’armée d’une partie des bâtiments de la Merci
1959 : Publication de la loi Debré régissant les rapports entre l’Etat et les établissements privés
1962 : Signature du contrat simple avec l’Etat. Celui-ci rémunère les enseignants
1967 : Signature du contrat qui permet de bénéficier d’une prise en charge plus complète des dépenses de l’établissement par l’Etat. Seul le » lycée » (Secondes, Premières, Terminales) restera à La Merci
1977 : Ouverture de la section sciences médico-sociales
1978 : Mixité
1993 : Ouverture des classes préparatoires et installation de celles-ci dans une annexe, avenue de Lodève
1994 : 150ème anniversaire
2004 : Ouverture de La Merci Littoral, Lycée d’Enseignement Général Technologique et Professionnel à La Grande Motte
2012 : Jubilé Nicolas Barré
2014 : 10 ans du lycée La Merci Littoral
L’institution Notre Dame de la Merci doit son nom à la présence dans le même îlot, entre 1741 et la Révolution, d’un couvent des Pères de la Merci.
L’ordre de la Bienheureuse Vierge Marie pour la Rédemption des captifs avait été fondé en 1218, à Barcelone, par Saint Pierre Nolasque, secondé par Raymond de Penafort, Général des Dominicains. Il avait pour but le rachat des chrétiens devenus esclaves à la suite d’incursions en Méditerranée des musulmans d’Afrique du Nord.
Les Mercédaires s’implantèrent vers 1240 à Montpellier, centre important de commerce maritime, avec l’appui de Jacques 1er d’Aragon. En même temps, un autre ordre poursuivant une action identique, les Trinitaires de Saint Jean de Matha, créé en 1198, s’installait également dans notre ville. Les Pères de la Merci occupèrent alors une partie de la colline du » Puy Arquinel « , le Peyrou actuel. Détruit en 1562 au cours des conflits religieux, leur couvent sera reconstruit au même endroit à partir de 1662.
Les travaux de construction de la Place Royale du Peyrou, prévus dès 1689, devaient entraîner, après bien des difficultés juridiques, le départ des Mercédaires pour un nouvel emplacement. En 1740, ils reçoivent de la Province de Languedoc un vaste terrain dit » l’enclos Trinquaire « , composé de » plusieurs maisons, jardins et olivettes « , propriété depuis 1720 de Joseph Bonnier de la Mosson.
Dès 1741, les religieux font bâtir leur nouveau couvent et sa chapelle, l’actuelle église paroissiale de Sainte-Eulalie, rue de la Merci.
En 1844, s’achève la construction du pensionnat des Dames de Saint-Maur due à l’architecte Omer Lazard. Il semble que ce soit là la première oeuvre de quelque importance élevée à Montpellier par cet architecte, auteur de la chapelle des Pénitents Bleus (rue des Etuves, 1846), de la chapelle du collège du Sacré-cœur, pour les Jésuites (disparu, 1856-1858), et des anciennes halles Laissac (1876).
Cette école était située « hors la ville » et donc « le séjour était très sain » et les familles montpelliéraines apprécièrent cet avantage.
Après 1865, de nombreux aménagements furent faits : un bâtiment pour les bains ouvrant sur la rue Ecole de Droit et une salle pour les exercices physiques; mais cette dernière prend la place de deux salles gratuites, aussi la Supérieure ne voulant pas que la maison interrompe sa fonction de charité, achète une maison attenante au jardin. De plus, elle acquiert une « maison de campagne » pour les pensionnaires, les jours de promenade et pour les religieuses pendant le temps des vacances. Cette maison était située au quartier de Broquerau, du côté de Celleneuve.
En 1877, sous la direction de l’architecte de la ville Cassan (à qui l’on doit à Montpellier les églises néo-gothiques de Sainte-Anne et Saint-Roch) est réalisé un agrandissement considérable de la chapelle. On procède également, vers cette époque à la mise en place des vitraux à personnages. Il ne subsiste plus de cet ensemble que deux témoins : les verrières de Sainte-Agnès de Rome et Sainte-Germaine de Pibrac. La chapelle rénovée reçût, le 24 janvier 1878, la bénédiction solennelle de Monseigneur de Cabrières.
En 1890, la décoration du chœur fut entreprise par un peintre italien qui avait décoré la grande salle du théâtre de Montpellier. Il souligna les motifs d’ornementation d’application de feuilles d’or pur.
En 1906, les murs et voûtes furent recouverts de fresques. De nouveaux vitraux agrémentèrent les fenêtres ogivales percées rue Emile Zola. Un maître autel, en onyx enrichi d’application en bronze doré à l’or fin est dressé. Une table de communion en marbre blanc et à dessus en onyx achève bien l’ensemble. Ces marbres proviennent d’anciennes carrières romaines découvertes à Constantine en Algérie.
Le début du XIXème siècle a été favorable aux congrégations religieuses. La loi Guizot de 1833 permet à des maîtres laïques ou à des Pères, dont la compétence est reconnue par un brevet, d’enseigner dans les écoles primaires communales. Cet enseignement comprend nécessairement l’instruction morale et religieuse. Les congrégations peuvent, d’autre part, ouvrir des écoles privées et cela joue surtout pour les filles.
En 1880, la loi Falloux établit la liberté de l’enseignement secondaire. Elle reconnaît deux types d’écoles primaires et secondaires : les écoles publiques, fondées ou entretenues par les communes, les départements ou l’Etat et les écoles libres fondées ou entretenues par des particuliers ou des associations.
À partir de 1880, avec les lois de Jules Ferry, débute la laïcisation systématique de l’enseignement. C’est la fin du monopole des congrégations dans l’enseignement féminin puisque de cette année date l’établissement des lycées pour jeunes filles.
Cette loi vise particulièrement les Jésuites qui sont dispersés et qui doivent fermer leurs établissements. Les autres congrégations ont trois mois pour » se faire » autoriser. De ce fait, les religieuses de la congrégation de Dames de Saint-Maur doivent passer les examens du brevet. Mme Saint-Louis de Gonzague Ballard et Saint-Justinien Knockaert affrontèrent les examinateurs à Rodez en costume civil.
En 1882, l’école primaire est devenue gratuite, laïque et obligatoire. L’instruction morale et civique est substituée à l’instruction religieuse. Le prêtre n’a plus prise sur l’instituteur ni accès à l’école publique. En 1886, la loi Goblet instaure la laïcité du corps enseignant dans les écoles publiques. La laïcisation va être progressive dans le cas des écoles congréganistes de filles, compte tenu du manque d’institutrices.
Dans cette atmosphère, les processions solennelles publiques du Saint Sacrement eurent lieu dans le jardin de l’établissement à la suite de l’interdiction des processions extérieures.
Le paroxysme de l’anticléricalisme fut atteint au début du XXème siècle. La lutte contre les congrégations reprit : on reprochait au système d’éducation de former » deux jeunesses « . À la suite de la loi du 1er juillet 1901 (loi sur la liberté d’association), les congrégations religieuses devaient être autorisées par une loi. Elles passaient sous le contrôle financier de l’Etat et pouvaient être supprimées par simple décret. Le pensionnat des Dames de Saint-Maur se constitue donc en association. Le travail de liquidation des congrégations fût l’œuvre du » Petit Père Combes « . En 1904, il fait voter une loi interdisant l’enseignement à tous les congréganistes. Ils ont 10 ans pour fermer leurs établissements.
En France, la congrégation doit fermer ses maisons, seule Notre-Dame de La Merci pourra maintenir son oeuvre d’enseignement grâce à trois religieuses qui ont acheté La Merci et l’ont revendue à une association loi 1901, qui a pu assurer qu’à l’emplacement des Dames Noires s’ouvrait une école libre avec un personnel composé de laïcs.
Les congrégations vont retrouver leur droit à l’enseignement après la première guerre mondiale dans le cadre de la politique du bloc national.
À cette époque, Notre-Dame de La Merci reste classée établissement primaire mais l’inspecteur d’académie de l’Aude nous éclaire sur cette situation : » Beaucoup d’établissements féminins, qui donnent à leurs élèves un enseignement équivalent à un enseignement du second degré, restent inscrits comme établissements d’enseignement primaire « . Aussi ne faut-il pas s’étonner que des élèves préparent le baccalauréat. En 1928, il y a 7 élèves présentées, 7 reçues.
En 1936-37, les responsables de la maison font les démarches pour faire accéder l’école au rang des établissements secondaires.
Selon les exigences énumérées dans la loi du 14 mars 1850 (loi Falloux) : pour ouvrir ce type d’établissement, le directeur doit avoir au moins 25 ans, posséder le baccalauréat, avoir enseigné au moins cinq ans ou avoir obtenu un certificat de stage délivré par le Conseil Académique. Ce dut être le cas pour mademoiselle J. Bellon qui en fut la première directrice officielle. Dans le privé le titulaire n’est pas toujours le vrai supérieur de l’établissement. S’il n’est pas qualifié, on lui donne un prête-nom.
Le personnel qui l’entoure est réputé entièrement laïque aux yeux de l’Académie, à l’exception de l’aumônier. Les professeurs possèdent des diplômes de divers niveaux : de la licence d’enseignement au brevet simple, en passant par le baccalauréat et le brevet supérieur.
À la veille de la deuxième guerre mondiale, La Merci accueille 276 élèves. C’est en nombre, le deuxième établissement du diocèse, après le Cours Fénelon à Béziers. Le recrutement de la maison est essentiellement montpelliérain puisque, seulement 30% des élèves sont internes. On y retrouve les classes du primaire et du secondaire. Les grandes élèves des sections de rhétorique (équivalent de la classe de première), de philosophie et de mathématiques préparent le baccalauréat ; sur 48 élèves présentées, 43 ont été reçues. Mais l’instruction n’est pas le but premier de l’éducation dispensée par les religieuses. Celles-ci sont là, avant tout, pour former les âmes qui répandront autour d’elles » la bonne odeur de Jésus Christ » en tant qu’éducatrices de leurs enfants et maîtresses de maison.
Les objectifs du Père Barré n’ont pas été oubliés mais les largesses royales sont finies, aussi l’école n’a-t-elle pas plus de classes gratuites.
La guerre arrive, une partie des bâtiments du Cours Gambetta est réquisitionnée par l’armée, comme tout local scolaire, pour en faire soit des entrepôts militaires soit des hôpitaux ou des maisons de convalescence pour les soldats blessés ou malades. De ce fait, les petites élèves de la 7ème à la 12ème vont être installées dans un autre bâtiment, au n°1 de l’avenue de Lodève.
A la suite de la publication de la loi Debré du 31 décembre 1959, deux types de contrats régissent les rapports entre les établissements privés et l’Etat. La forme de contrat dit » Contrat simple » stipule que l’Etat apporte son concours pour la rémunération des enseignants, en laissant une large autonomie aux établissements. C’est le cas de La Merci en 1962.
1967 : le contrat d’association lie plus étroitement l’établissement à l’Etat mais permet de bénéficier d’une prise en charge plus complète de ses dépenses. C’est la partition… Seul le » lycée » (Seconde, Première, Terminale) restera à La Merci.
Les classes primaires iront à l’école Sainte-Geneviève et le premier cycle sera accueilli à l’Assomption. A La Merci, il y a alors 11 classes et 360 élèves.
La vocation d’instruction de la congrégation va donc primer. Aux sections d’enseignement général vont se rajouter en 1977 la préparation d’un baccalauréat médico-social et en 1991, les classes préparatoires.
De 360 élèves en 1967, nous sommes passés à 1200… Inutile donc de préciser que les locaux ont dû s’adapter à cette augmentation ainsi qu’aux nouveaux objectifs de l’enseignement :
- Transformation de la chapelle en classes
- Construction d’un nouveau bâtiment à la place du chalet Saint-Léon et d’une annexe avenue de Lodève pour les classes préparatoires,
- Aménagement d’un CDI, de salles spécialisées, d’un laboratoire de langues
- Ouverture d’un Lycée d’Enseignement Général Technologique et Professionnel en septembre 2004